• Marignane, 14 août 2002, 5 heure 34 du matin.

Cela fait quinze minutes que plus un murmure ne traverse les couloirs de la demeure, auparavant habités par les hurlements d'une femme en labeur. L'une des sage-femmes improvisées court dans les escaliers accompagnée du maître de maison, tous deux dans un états de fatigue plus qu'avancé. Après deux heure de cris, ce silence est pour eux anormale. Le père sait que, même s'il n'entend plus les cris de sa femme, il devrait au moins entendre ceux de son enfant tout juste né. Pourtant, en entrant dans la chambre, l'homme ne peut qu'observer le corps endormit de son fils dans les bras de sa femme sans vie. L'accouchement lui a été fatal.

"Nous sommes désolées Hector, nous n'avons rien pu faire pour sauver Gaïa..." Ose prononcer l'une des femmes présentes. Toutes sont des membres de la famille plus ou moins proche. Sans prononcer un mot, l'homme s'approche du lit, observant l'expression reposée de sa bien aimée, reposant dans un sommeil éternel. Il se penche, lui déposant un dernier baiser sur les lèvres avant d'observer le bambin sommeillant dans ses bras. L'enfant aussi possède un visage paisible mais, contrairement à sa matriarche, celui-ci respire. L'homme le prend doucement dans ses bras, l'observant doucement et tristement de ses yeux émeraudes. Il prend alors la parole. "Olympe." Les femmes s'observent, ne sachant pas trop quoi en tirer. L'adulte redresse alors la tête, plaçant le nouveau né dans les bras de l'une de ses demi-sœurs. "Il s'appellera Olympe."

• Marignane, 25 juin 2008, 15 heure 42.

Pour l'enfant de presque 6 ans, c'est déjà la troisième fois qu'il se retrouve devant l'une des nombreuses tombes présentes. Comme à chaque fois, l'enfant ne peut s'empêcher de pleurer, tenant la petite main de son demi-frère, lui aussi en larme. Derrière eux se dresse leur père, le visage impassible. Pourtant, malgré l'atmosphère régnant, le soleil ne semble pas vouloir décliner. L'ainé, après un coup rapide de sa manche devant ses yeux, lève la tête vers son patriarche. "Est-ce que cela va recommencer à chaque fois ?" Trouve-t-il la force de prononcer malgré sa gorge serrée. Hector se tourne lentement vers son fils, ouvrant lentement la bouche avant de la fermer. Sans rien dire, il prend le plus jeune dans ses bras. "Rentrons."

• Marignane, 4 juillet 2015, 21 heure 16.

Cela fait déjà une heure qu'Olympe a quitté précipitamment le diner, et des jours qu'il n'arrive plus à cacher les cernes sous ses yeux. Il ne parlait que très peu et les rares ayant eu le privilège de l'entendre ne pouvaient pas dire qu'il était locace. Mais ce soir est différent. Ce soir, tous ceux l'ayant vu partir ont pu observer l'immense tatouage sous son débardeur. Ce n'est donc qu'au bout d'une heure qu'Hector, son pière, vient frapper à sa porte, lui aussi ronger par les cernes.

"Olym- C'est ouvert." se fait-il interrompre. La voix derrière la porte semble faible, fatiguée et sans aucun doute brisée. Il soupire lourdement et appui sur la poignée, ouvrant doucement la porte. Devant lui, un carnage de vêtements, de bibelots et de feuilles déchirées. Olympe se situe sur son lit, assis la tête contre les genoux et une vingtaine de photos rafistolées autour de lui. Il lui tourne le dos mais ses sanglots lui sautent aux yeux et aux oreilles. L'adulte s'approche lentement, évitant difficilement les objets jonchant le sol à chaque fois. Une fois arrivé près de lui, il s'assied au bord du lit, toujours sans un mot, et prend l'une des photos dans ses mains. Celle-ci représente son fils, souriant, au côté de ses amis. Toutes les photos ressemblent à celle-ci. Il repose le papier, et pose délicatement sa main en bas du dos d'Olympe. Celui-ci ne montre aucune surprise et ne bouge pas, toujours sanglotant. Alors de sa grande main, il attrape le haut de son fils et le lève jusqu'à sa nuque. Un squelette... Non, Une geisha-squelette devant un serpent à la gueule ouverte sur un fond de roses. Hector soupire à nouveau avant de baisser le tissu et de prendre l'enfant dans ses bras. Ce dernier s'accroche au sa chemise, reniflant bruyamment. "Je les ai tué papa..." est la seul qu'il distingue parmi tous ses pleurs. Il lui caresse la tête doucement, cherchant ses mots avec précisions. "Ce ne sont que des cauchemars Olympe..." chuchote-t-il.

L'enfant se redresse, regardant ses mains comme s'il s'y trouvait quelque chose. "Je me suis vu les... Les tuer... De mes mains..." Hector soupire de nouveau. "Ce sont des cauche- Papa ! On sait tous que la satané malédiction qui tue tes épouses à la pelle c'est de famille ! Et qui sait si ça peu s'aggraver pour nous ! Je ne veux pas qu'il leur arrive du mal. Non, je ne veux pas leur faire de mal." Olympe s'allongea donc, se plongeant dans une réflexion profonde. Fontenel Senior resta immobile quelques secondes avant de se lever silencieusement et de partir. Après tout, la nuit porte conseil.

• Lyon, 27 août 2017, journal d'Olympe Fontenel.

"Cher journal,

Je me rend compte que qu'écrire ceci à mon âge est un peu ridicule, mais j'ai ressenti le besoin de parler de ce que je vis sans que ce soit à mes frères et soeurs. Les jumelles commencent à en avoir marre de m'entendre leur raconter ma vie. Elles n'ont que 14 ans, mais Alice et Caïle semblent déjà si matures. Plus que moi déjà. Enfin...
D'ici quatre jours, je vais à Sainte Catherine. C'est une école qui, jusque récemment, n'était ouverte qu'aux magiciens. Bien que cela m'angoisse un peu, ce n'est pas ce qui m'inquiète le plus.

Comme tu le c'est déjà, cher "Journal", je suis Mlle Fontenel depuis bientôt deux ans. J'a changé d'école et de région après la découverte de ma malédiction. Je n'arrivais pas à me faire à l'idée de revoir tous mes amis alors que je les avais vu mourir de mes mains. C'était trop... Traumatisant pour moi. Et, en même temps que l'idée de ce déménagement, j'ai eu l'idée de me travestir. Au moins, je baissais les chance de tuer qui que ce soit en tombant amoureuse comme une idiote. Pas de femme, pas d'enfant, pas de mort. Et puis... Je me sens beaucoup mieux en tant que "Mademoiselle". Je ne sais pas vraiment comment l'expliquer, mais j'ai l'impression d'être moi maintenant. Genre, vraiment moi.
J'ai aussi pris rendez-vous avec le directeur de Sainte Catherine, au côté de mon père. C'était stressant, mais cela s'est passé étonnamment bien. Après quelques discutions, nous avons convenu que les professeur me nommerais correctement malgré que j'aille tout de même dans le dortoir des hommes. C'est mieux pour les filles, elles ne seront pas gênées au moins. Je comprends aisément leur décision.

J'ai aussi pris une décision : je n'essaierai pas de me faire d'amis là-bas. Ou tout du mois, pas d'amis proches. Je ne veux pas m'attacher pour blesser ensuite à cause de ces maudites crises. J'ai peur de ce que je pourrais faire, où même de ce que je pourrais voir. Mon but est d'avoir un diplôme et d'avoir un métier pouvant rendre mon père et le reste de ma famille fière. C'est sûrement la meilleure chose, non ?"